Les Yeux dans le Sable

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Qu'est-ce que les Yeux dans le Sable ?

Ces ateliers ont pour objectif d’étudier collectivement des échantillons de sable prélevés autour de l’île (plages, dunes et en mer) afin d’identifier les différents types de sables autour de l’île (composition, granulométrie, …) et leurs sources (origine géologique ou biologique, origine géographique, …). Ceci permettra de visualiser et de comprendre les transferts de sable autour de l’île et entre l’île et la mer, en fonction des courants dominants et des saisons.

Ce travail d’étude des sables est complémentaire aux travaux géophysiques. Ici, la collaboration est capitale car elle permet de partager la quantité de travail nécessaire ! En effet, l’étude de chaque échantillon de sable nécessite plusieurs heures de travail, mais après une courte formation, tout le monde peut le faire. Les ateliers fonctionnent donc sur un principe “gagnant – gagnant” : les participants découvrent comment se forme le sable et quelles merveilles il contient. En participant aux ateliers et en consacrant quelques heures à ce travail, ils contribuent également à une tâche qui serait très fastidieuse pour une personne seule, mais qui est capitale pour comprendre les mouvements sédimentaires !

Les Yeux dans le Sable

Premiers résultats

Ce n’est pas un mythe, la plupart des plages de l’île ont un sable différent des autres plages, mais la grande question c’est pourquoi !

L’étude de la composition des grains commence à parler : l’essentiel de la réponse est question de source.

Par exemple, dans notre prélèvement issu de la plage des Sabias, les débris de coquilles (appelés bioclastes) sont extrêmement nombreux (68%). L’existence du sable des Sabias est donc intimement liée à la vie des organismes qui se développent dans la baie. A contrario, notre échantillon de sable prélevé sur la plage des broches contenait presque 90% de quartz, qui est le minéral le plus résistant contenu dans les gneiss qui forment l’île d’Yeu ! Le sable des Broches est donc essentiellement le produit de l’érosion des zones internes de l’île. Ceci n’est pas étonnant lorsque l’on sait que l’un des plus importants cours d’eau de l’île se jette dans cette anse depuis des milliers d’années !

Après avoir étudié le sable de la plupart des plages de l’île, les travaux se focalisent à présent sur la composition du sable en mer, autour de l’île. Cette nouvelle phase nous enthousiasme beaucoup car elle promet des observations magnifiques, avec notamment la présence d’organismes et micro-organismes que nous n’avons pas encore rencontrés dans les échantillons récoltés à terre.

Avant de pouvoir publier ici l’ensemble des résultats, quelques anecdotes amusantes :

  • Contrairement à une idée reçue, les sables des Sables Rouis et de la Belle Maison sont rigoureusement identiques en moyenne. Ils proviennent en réalité d’un même stock situé à mi-distance, au large des deux plages. Ce stock a été observé lors de la campagne de géophysique marine de 2019.
  • À la Gournaise, le sable de dune est très différent du sable de plage. Dans ce secteur, plage et dune forment deux stocks de sable différents qui n’ont probablement pas le même âge. Sous l’action de l’érosion côtière, le sable de la dune a tendance à descendre sur la plage et à s’y mélanger au sable de plage. Dans une moindre mesure, du sable de plage peut remonter sur la dune, mais ceci nécessite des conditions de vent très fort (aux alentours de 90 km/h), et les quantités remontées sont relativement faibles.
  • Les sables des plages des Vieilles et des Conches, situées de part et d’autre de la Pointe sud-est de l’île (pointe des corbeaux) sont relativement proches en termes de composition. Comme pour la Belle Maison et les Sables Rouis, il est probable que la raison de ces similitudes se trouve en mer : au large de la pointe des Corbeaux, les campagnes géophysiques ont identifié un stock de sable insoupçonné.